Le but général que se donne cette recherche est de comprendre les logiques et les articulations des politiques pénales aux politiques du handicap, étudier les conditions de la surreprésentation des personnes handicapées en prison, la limitation d’activité qui en découle et la mise en œuvre du droit.

Contexte

Cette recherche porte sur la gestion du handicap en prison. Ce sujet est  particulièrement intéressant à étudier aujourd’hui, car il émerge en tant que question politique, traversant les champs de la santé publique et des droits sociaux. Plusieurs études étrangères suggèrent une augmentation du nombre de personnes incarcérées présentant une déficience, du fait de leur vieillissement, mais aussi une incarcération croissante de jeunes présentant un trouble cognitif ou d’apprentissage (Talbot, 2008). Les droits individuels  nationalement et internationalement reconnus (France, 2005 ; ONU, 2006) peinent à être reconnus et les pratiques du milieu carcéral, ainsi que les conditions d’incarcération, renforcent le processus de handicap tant du point de vue social que médical. Nous souhaitons étudier les trajectoires des personnes handicapées incarcérées ainsi que les dispositifs de prise en charge existant. Ce projet est porté par l’INS HEA, organisme spécialisé dans la recherche et la formation sur les questions du handicap et des populations empêchées (détenus). La doctorante est associée au CIRAP, laboratoire de recherche de l’ENAP, qui soutient le projet, assurant la faisabilité par un lien direct avec le milieu carcéral.

Objectifs

Le but général que se donne cette recherche est de comprendre les logiques et les articulations des politiques pénales aux politiques du handicap, étudier les conditions de la surreprésentation des personnes handicapées en prison, la limitation d’activité qui en découle et la mise en œuvre du droit. Plus particulièrement, nous souhaitons analyser les façons dont les établissements pénitentiaires se saisissent de la question du handicap et les relations qui s’établissent autour des prises en charge. L’analyse des trajectoires des détenus handicapés permettra de comprendre comment les politiques publiques se matérialisent au travers de normes et valeurs, telles que « la responsabilité individuelle » et « la capacité d’autolégitimation ».

Méthodes

Cette recherche se fera au sein des établissements de deux régions pénitentiaires – Lille et Paris, Maison d’arrêt, Centre de détention, Maison Centrale. Nous avons choisi d'étudier des établissements ayant mis en place des dispositifs de prise en charge du handicap bien identifiés : aménagement d'un bâtiment pour des personnes à mobilité réduite, conventions avec le secteur médico-social pour l'intervention des aides médico-psychologiques et aides-soignants, travail aménagé. Ce choix s'impose par la volonté d'inclure différents types de handicap et d'analyser les mécanismes de prise en charge et de coopération des acteurs.
La recherche sera composée d’une analyse de la littérature, nationale et internationale : des textes législatifs, des enquêtes, des rapports et des préconisations autour de la question du handicap en prison. Nous analyserons les dispositifs mis en place, à travers des textes et des entretiens semi-directifs avec les acteurs. Pour étudier les trajectoires nous constituerons des monographies, composées d’entretiens biographiques avec les détenus et d’entretiens semi-directifs avec les intervenants formels ou informels dans la prise en charge quotidienne.

Perspectives

L'exploitation des résultats permettra d'obtenir des connaissances sur :
-les logiques d’individualisation des politiques publiques, donnant lieu à l’incarcération des catégories habituellement prises en charge par les politiques sociales ;
-les façons dont l'univers carcéral met en sens et se saisit de la question du handicap ;
-les profils et les stratégies des détenus pour faire face au handicap.
Nous entendons également fournir des pistes de réflexion aux acteurs, pour l’amélioration des prises en charge, notamment par le transfert de pratiques.

Mots clés : handicap ; prison ; perte d’autonomie ; individualisation des politiques publiques ; dispositifs ; prise en charge ; traitement social ; responsabilité individuelle ; autolégitimation

Contacts

Serge EBERSOLD

Yana ZDRAVKOVA

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