Photo de Juliene Madureira Ferreira

Juliene Madureira-Ferreira, chercheuse post-doctorante à l’université de Tampere en Finlande, est venue à l'INSEI en séjour Erasmus afin de poursuivre une collaboration déjà entamée depuis quelques années avec Esther Atlan et Sabine Zorn, ATER à l'INSEI. Cette collaboration porte sur l'analyse des interactions sociales en contexte scolaire impliquant des apprenants en situation de handicap (déficience intellectuelle, polyhandicap et trouble du spectre de l'autisme) et vise à développer des outils de réflexion communs ainsi qu'à développer un réseau de chercheurs travaillant sur le sujet. Durant son séjour, Juliene a pu enregistrer un séminaire sur la cognition incarnée (en anglais) diffusé sur la chaîne INSEI de Canal U intitulé « L'analyse vidéo : que cherchons-nous ? ».

Originaire du Brésil, Juliene a débuté sa carrière en tant que chercheuse et enseignante en 2010, à l’université fédérale d’Uberlândia au Brésil. Pendant cette période, elle a développé des projets dans le domaine de l’éducation inclusive et spécialisée, et s'est intéressée de plus en plus à la formation des enseignants sur cette thématique. Elle a donc décidé de poursuivre ses études en se lançant dans une thèse (avec l’école doctorale de psychologie de l’université de Sao Paulo) dont le sujet était l’interaction entre pairs et le développement des enfants souffrant d’un handicap intellectuel. Elle nous parle de son parcours de chercheuse, de sa colloboration avec l'INSEI et de son séjour. 

Un parcours entre le Brésil et la Finlande. 

Pendant ma thèse, j’ai effectué une année d’échange en Finlande (à la Faculté d’éducation de l’université de Tampere). Cela m’a donné l’opportunité de réfléchir aux impacts pédagogiques de mon travail, et motivé à aborder mes recherches à travers le prisme des concepts pédagogiques finlandais de l’éducation inclusive. J’ai donc débuté un autre doctorat en Finlande. Fin 2018, j’avais soutenu mes deux thèses, et commencé à travailler en tant que post-doctorante (en voie de titularisation) à la Faculté Éducation et Culture de l’université de Tampere. Depuis, j’ai mené divers projets de recherche, pas uniquement axés sur l’éducation inclusive mais aussi par exemple sur les points de vue des enfants, leur perception des apprentissages à l’école, à travers un projet mené en partenariat avec l’université fédérale d’Uberlândia au Brésil. J’ai aussi travaillé sur la sociabilité des enfants en contexte institutionnel, un projet développé en partenariat avec les collègues brésiliens de l’université fédérale Espirito Santo et de l’université de Brasilia. On peut donc dire que mes recherches ont exploré plusieurs domaines, la psychologie du développement, de l’éducation, l’éducation inclusive, en ayant toujours en commun les phénomènes d’interaction entre pairs et les points de vue des enfants. 

Actuellement, je m’intéresse aux interactions entre pairs en situations de collaboration. Ce tout dernier projet implique des partenaires brésiliens et chiliens, et l’idée principale est d’explorer la cognition incarnée dans le cadre d’interactions collaboratives. Le point de vue que j’adopte, notamment, c’est de voir qui se passe dans le cadre d’interactions collaboratives entre pairs asymétriques (entre enfants en situation de handicap et enfants sans handicap). Les résultats devraient être prêts cette année. Cette combinaison de différents sujets et intérêts reflète bien ma personnalité je crois, je suis très curieuse ! 

Découvrez la vidéo de son séminaire (anglais non sous-titré) : « L'analyse vidéo, que cherchons-nous ? ». 

Une collaboration évidente avec l'INSEI. 

J’ai rencontré Sabine Zorn et Esther Atlan au congrès EARLI (European Association for Research on Learning and Instruction) en 2017, et me suis rendu compte que nos intérêts de recherche et nos approches méthodologiques étaient très similaires. À partir de ce moment, nous avons commencé à collaborer, principalement en discutant des questions méthodologiques soulevées par nos recherches sur les enfants en situation de handicap. Au cours de ce processus (en 2018) j’ai appris à connaitre plus en profondeur les études menées à l’INSEI. Je dois dire que les sujets de recherche actuels abordés par l’équipe de l’INSEI ainsi que l’offre de formation très complète pour les enseignants spécialisés rendent pertinente notre collaboration avec l'institut. L’INSEI a un historique solide et une expérience considérable en matière de conduite de recherches multidisciplinaires dans le domaine. Il travaille également en collaboration avec de nombreux autres instituts, universités et partenaires académiques, œuvrant tous à améliorer la société par le biais de pratiques inclusives. Il est donc particulièrement facile de collaborer, les portes sont ouvertes et les membres de cette communauté sont des professionnels expérimentés.

Depuis un moment déjà, Sabine, Esther et moi-même planifions de renforcer notre collaboration et de systématiser la méthode qualitative que nous utilisons dans l’exploitation et l’analyse de données vidéo pour la recherche et la pratique en éducation inclusive. Cette année, nous avons décidé que ce projet sortirait de nos têtes pour enfin prendre la forme d’un écrit. Nous avons commencé à travailler ensemble de manière intensive, et à présenter nos idées dans nos environnements académiques respectifs par le biais de mobilités d’échange. Donc, me voici. En avril, Sabine nous rendra visite à l’université de Tampere, et je suis sûre que son expérience sera aussi formidable que la mienne.   

La mobilité Erasmus +, un levier pour la construction et la mise en œuvre de projets de recherche. 

Cette mobilité m’a permis de faire l’expérience d’enseigner à un groupe très restreint d’étudiants. Comme je l’ai dit auparavant, l’INSEI a un programme de recherche bien établi, et les étudiants sont déjà des professionnels qualifiés dans le champ de l’éducation spécialisée et inclusive. Donc l’INSEI était le cadre parfait pour que je présente le type de méthodologie que nous avons développé (avec Sabine et Esther) et pour discuter des perspectives de recherche futures dans ce domaine particulier. 

En plus de cette expérience de l’enseignement, ma semaine à l’INSEI a été consacrée à mieux définir les nouveaux objectifs de ma collaboration avec Sabine Zorn, Esther Atlan et Minna Puustinen. Nous avons travaillé sur notre article (dont le titre provisoire est « Pourquoi utiliser l’analyse de vidéos en contexte d’apprentissage concernant des élèves en situation de handicap ? »), qui nous l’espérons sera publié cette année ; nous avons aussi discuté des possibilités de financements pour 2020. Notre idée est d’appliquer les procédures auxquelles nous avons réfléchi ensemble et de suivre leurs impacts sur les pratiques des enseignants. Il nous reste encore beaucoup de détails à aborder, par exemple le lieu de collecte des données : France, Finlande ou les deux. Nos discussions nous ont laissé entrevoir beaucoup de façons dont nous pourrions travailler ensemble, et cela a été très stimulant.

Personnellement, cela a été une expérience formidable ! J’ai été ravie de découvrir l’architecture de cet endroit, son histoire. J’ai été très impressionnée par la manière dont les lieux ont été conçus, par les idées de liberté pour les enfants, du contact avec la nature et de développement durable qui sous-tendent le concept d’école de plein-air. Sabine et Esther, mes « hôtesses » merveilleuses, m’ont fait me sentir bienvenue, et m’ont donné des pistes et des conseils pour profiter au mieux de la culture française le temps de mon séjour. Donc ma visite (sous toutes ses facettes) a été très productive, informative et riche culturellement. Je voudrais de nouveau remercier tous ceux qui y ont contribué.   

En savoir plus 

Ses travaux : uta-fi.academia.edu/JulieneMadureiraFerreira

Son contact : www.tuni.fi/en/juliene-madureiraferreira

Son interview en anglais : english interview

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