Nawal Benzaouia, ancienne étudiante du Master 2 « Conseiller en accessibilité et accompagnement des publics à besoins éducatifs particuliers », s’est donnée pour mission de promouvoir une vision positive et active du handicap.
Dans une précédente interview, en 2019, Nawal Benzaouia nous expliquait son parcours atypique avant d’arriver à l’INSEI [Découvrir l’interview] et nous parlait de sa sœur, Salwa, atteinte de trisomie 21, qui lui a donné l’envie de s’intéresser au handicap, mais pas seulement. C’était alors la naissance son projet « Massiraa inclusive ». Depuis, Nawal a créé son entreprise dédiée à l’accessibilité (Massiraa) afin de « faire en sorte que les personnes handicapées aient les mêmes opportunités que les autres ».
Peux-tu nous décrire en quelques lignes les principales missions de Massiraa ?
Massiraa est une agence de conseil émirienne dédiée à l'intégration et à la satisfaction des exigences réglementaires d'accessibilité. Ses principales missions sont d'accompagner les secteurs gouvernementaux, semi-gouvernementaux, les particuliers et les entreprises à répondre au défi de l’accessibilité universelle dans différents secteurs aux Émirats arabes unis et autres pays du Golfe. Nous sommes spécialisés dans différents secteurs en lien avec l’accessibilité comme :
- La technologie d’assistance
- Les formations
- Les audits de compliance aux différents établissements recevant du public (ERP)
- Les évènements inclusifs, comme les défilés ou shooting photo professionnel
- Les traductions ASL (American sign language)
- L'accessibilité culturelle/ la médiation culturelle
- Les séminaires
- L'accessibilité du web
- Etc.
Nous nous adaptons aux besoins de nos clients et proposons des offres de mise en accessibilité adaptées à leurs besoins. Nous créons des solutions novatrices avec des personnes en situation de handicap et les proposons à différents secteurs.
Les forces de mon agence sont la pluridisciplinarité, Massiraa est non seulement une agence, mais aussi un cabinet de conseil en accessibilité. Massiraa a d’ailleurs pu signer plusieurs contrats avec de grandes institutions.
À l’occasion de ton master, tu as effectué ton stage de M2 au Japon. Peux-tu nous raconter en quelques mots cette expérience à l’étranger et nous dire en quoi celle-ci t’a aidée dans la construction de ton projet professionnel ?
Séverine Maillet, chargée de projets internationaux à l'INSEI, m'a beaucoup aidée pour la réalisation de mon projet de stage au Japon.
J’étais à Hokkaido, la deuxième plus grande île japonaise avec une superficie de 83 456 km², située tout au nord de l'archipel. Elle est à la fois une préfecture et une région et compte plus de 5 millions d'habitants. Sapporo est la ville la plus importante, centre politique et économique de l'île, c’est là où mon histoire d’amour avec le Japon a commencé.
Mon voyage au Japon a été une expérience riche sur le plan professionnel et personnel. J’effectuais un stage à l’université d’Hokkaidō au laboratoire des sciences sociales et psychologie.
Ce voyage m’a permis de me recentrer sur mes objectifs et de concrétiser plusieurs projets universitaires et entrepreneuriaux. Grâce à mon travail et la confiance de mon Sensei (tuteur de stage), j’ai pu parler de mon entreprise Massiraa, du handicap et de l’accessibilité à la radio et à la télévision. J’ai également donné des cours sur le handicap et l’accessibilité à des étudiants en licence 3 sciences sociales.
À l’image de l’expression « otsukaresama » (お疲れ様), utilisée dans le but d’exprimer à son interlocuteur toute la gratitude que l’on a pour les efforts qu’il a fournis, les étudiants que j’ai pu avoir en classe avaient l’habitude de me remercier à la fin du cours pour le travail que j’ai accompli durant l’heure, de même que je les remercie des efforts qu’ils ont faits pendant le cours. Cela peut paraître banal, mais cette petite attention favorise les bons rapports.
Mon séjour au Japon m’a aussi permis de beaucoup voyager : Osaka, Tokyo, Nara et plein d’autres villes. Je voyageais seule ou avec des collègues, et faisais des rencontres sur place. J’ai également pu intervenir dans plusieurs universités à Tokyo en tant que Guest professor.
À la fin de mon séjour, j’ai compris que l’international et l’expatriation étaient faits pour moi. Les rencontres, les challenges et le travail vécus là-bas m’avaient rendue encore plus heureuse. J’ai pu apprendre une nouvelle langue et me rapprocher d’une culture très différente de la mienne. J’ai su partager, voyager, aider et rencontrer pleins de personnes. Et bien évidemment monter un réseau important. Le fait de parler couramment anglais a été un grand plus.
Tu effectues actuellement une mission à Dubaï afin de réaliser un audit sur l’accessibilité des bâtiments. En quoi cela consiste précisément ?
En effet, nous avons plusieurs missions en lien avec la mise en accessibilité de plusieurs bâtiments à Dubaï. En ce moment, nous travaillons sur la mise en accessibilité d’un amphithéâtre romain en construction. Nous étions entourés d’architectes, de designer, ingénieurs, etc.
Nous nous appuyons sur le « Dubaï code », ensemble de lois à respecter concernant l’accessibilité du cadre bâti à Dubaï. Puis nous faisons nos propres propositions en nous inspirant du « design for all ».
Aussi, pour les bâtiments existants, nous réalisons des audits puis donnons nos recommandations en fonction des possibilités et du budget de nos clients. Massiraa est donc amené à réaliser des audits pour des hôtels, des universités, des mairies, centre commerciaux, musées, hôpitaux, etc.
Mon entreprise française est toujours active et réalise les mêmes projets.
En 2020, une convention cadre de partenariat a été signée entre l’INSEI et Massiraa Consulting for People of Determination (Massiraa). Quels sont les objectifs de ce partenariat ? Des actions sont-elles envisagées dans le court ou moyen terme ?
Nous avons déjà réalisé une première action, un webinaire international réunissant des professionnels de l’accessibilité échangeant sur le thème suivant : « Accessibility, a myth or a reality? ».
Massiraa et l’INSEI réaliseront des webinaires tous les deux mois sur différents thèmes en lien avec le handicap et l’accessibilité. Le prochain webinaire sera en lien avec l’ « assistive technology ».
Le but de cette convention est de profiter des compétences et du savoir des deux parties en mettant en avant non seulement nos recherches, mais aussi nos réalisations. Massiraa souhaite réaliser sur le long terme, des formations en partenariat avec l’INSEI. Nous avons eu plusieurs réunions virtuelles avec différents professeurs de l’université pour mettre en place ces formations à destination des étudiants et professionnels. Les formations seront en anglais.
Massiraa est également sur un projet de mise en accessibilité de livres en langue arabe et souhaite associer dans le cadre de la convention quelques professeurs pour rendre accessible des livres qui, jusqu’à aujourd’hui, ne peuvent pas être lus par des personnes déficientes visuelles.
Quels seraient tes conseils aux futurs étudiants de l’INSEI ? Leur recommanderais-tu de participer à un projet de mobilité en Europe ou ailleurs, lorsque la situation sanitaire le permettra ?
Les projets de mobilité en Europe ou même au niveau international sont à mon sens très importants.
Ils permettent de nous mettre en situation d’adaptation à de nouveaux contextes, non seulement culturels, mais aussi juridiques. Je pense que sur le plan personnel, les mobilités nous apportent beaucoup car elles nous permettent de nous recentrer sur nos objectifs, et de nous mettre dans des situations qui nous demandent de nous adapter. Aussi, il faut faire preuve d’une grande indépendance (planification en amont du séjour, résolution de problématiques administratives, gestion du budget, recherche de financement et démarches de la vie quotidienne).
Les projets de mobilité bousculent nos habitudes (nouveau statut, nouveau cercle d’amis, nouvelle organisation de votre vie, nouvelle culture...).
Je ne peux que recommander les mobilités à l’international qui sont aussi un plus sur un CV !
